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Un an après l’envolée des prix, le marché du pellet retrouve de la sérénité.

Published : 06/03/2023 - Categories : Blog

C’était il y a un an. L’envolée des prix du granulé de bois. Jusqu’à 10, 12, voire 15 euros le sac de 15 kilos. Deux à trois fois plus en quelques mois. La faute… à la peur de manquer.

 "Il y a eu la conjonction de deux facteurs, explique Eric Vial, le directeur de Propellet, l’association nationale qui regroupe les professionnels de la filière. On a depuis des années un verdissement des approvisionnements et une demande en hausse sur le granulé. Avec les tensions liées aux crises énergétiques, l’augmentation des prix du gaz et de l’électricité, l’anxiété est montée chez les particuliers. Et le coup de grâce a été le début de la guerre en Ukraine."

"Dans l’absolu, la filière avait des volumes qui permettaient de fournir. Mais 50% des foyers ont voulu acheter plus tôt que prévu dans la saison, alors qu’on n’avait quasi plus besoin de se chauffer. Et comme les consommateurs sont de plus en plus nombreux, il y a eu la panique."

28 fois plus de foyers équipés en 15 ans

En 15 ans, le nombre de foyers qui se chauffent au granulé a été multiplié par 28.  Rien qu’entre 2021 et 2022, c’est +17%. La France compte aujourd’hui 1,7 million de foyers équipés.

"C’est la première énergie renouvelable en France. C’est très bien, commente Eric Vial. Ça va dans le sens de la transition énergétique. Mais, à la clé, les niveaux de consommation ont déjà doublé en 5 ans, pour atteindre 2.5 millions de tonnes en 2022. Si la filière s’adapte, elle ne peut pas non plus suivre les paniques. Il n’y a aucune énergie qui peut suivre les paniques. On vient de passer une crise de croissance".

Les prix vont-ils rebaisser ?

En cette fin d’hiver, partout la situation s’améliore. Le granulé est de retour et les prix sont à la baisse, autour de 8 voire 7 euros le sac de 15 kilos.

"On redescendra peut-être cet été à 6 euros, indique le directeur de Propellet. Mais on ne reviendra pas au niveau de 2021, à 4 ou 5 euros le sac. Les coûts de production ont fortement augmenté. Les connexes par exemple, les sous-produits qui nous arrivent des scieries, et qui avaient doublé en l’espace de 6 à 10 mois, vont redescendre un peu, mais il y a d’autres frais, l’électricité, le transport, l’emballage..."

 "Je comprends que les gens soient énervés d’avoir vu doubler ou tripler la facture. Mais pour mémoire, même à 12 euros le sac, on était encore moins cher que l’électrique. On va revenir à des niveaux 3 fois moins cher que l’électricité, 2 fois moins cher que le fuel. Le granulé de bois restera le moins cher sur le marché".

La filière va doubler sa production pour anticiper la fin des chaudières fioul

 Avec 70 usines, la France est autosuffisante à 85%. Elle produit 2,1 millions de tonnes de pellets pour une consommation de 2,6 millions.

Pour amortir le choc de 2022, les imports ont augmenté de 40%. En provenance de Belgique, d'Espagne, d'Allemagne notamment. Du Portugal, de Scandinavie, et de Russie aussi, "mais avant l’embargo" précise Eric Vial. Pendant ce temps-là, l’export a aussi diminué de 30%.

Comme le potentiel de développement est encore immense, avec 11 millions de foyers toujours chauffés à l’électricité et plus de 3 millions de chaudières fioul à remplacer, la filière tente aussi d’anticiper. Depuis 2018, 2019, de nouvelles usines ont été programmées.

En 2022, trois nouveaux sites ont permis de sortir 270 000 tonnes supplémentaires. Ce sera encore le cas en 2023. Et ainsi de suite jusqu’en 2028 pour arriver à 4 millions de tonnes. La production aura doublé en 7 ans.

Va-t-on produire plus de granulés en Bretagne ?

Pour produire du granulé, on ne coupe pas d'arbres. La filière utilise les sous-produits de l'industrie du bois. 

Les pellets sont essentiellement produits à partir des connexes de scieries. A la fois des sciures, des copeaux, et des bois de "trituration", trop petits, trop tordus, et qu'on ne peut pas valoriser pour la menuiserie, la charpente, la fabrication de palettes etc. 

En Bretagne, on compte trois producteurs de granulés qui fournissent environ 6,5% de la production nationale : Celticoat à Rostrenen dans les Côtes-d’Armor, Deshyouest à Domagné en Ille-et-Vilaine, et Bretagne Pellets à Mauron dans le Morbihan.

Bretagne Pellets : "pour produire plus, il faudrait mettre du feuillus...

A Mauron, dans le Morbihan, Bretagne Pellets produit 75 à 80 000 tonnes de pellets, à base de résineux. C'est le premier producteur sur la région. Le granulé est commercialisé sous plusieurs marques dont Breizh' Flam.   

"Sur le site de Mauron, je ne pourrai pas aller au delà des 80 000 tonnes, souligne Isabelle Cordier la Pdg. Et on est aussi un peu limité par la matière première. Aujourd'hui, on utilise du 100% résineux, on s'est installé en fonction de ce qu'on avait à proximité".

"Pour augmenter en capacité, il faudra peut-être utiliser aussi du feuillus. C'est techniquement un peu plus compliqué, mais ça se fait ailleurs. En Bretagne, il y a de la ressource pour ça, mais il faudra sans doute un peu de temps pour pouvoir et savoir l'exploiter. Sans compter qu'il est déjà collecté pour le bois de chauffage."

Celticoat à Rostrenen : "On étudie la question, mais il faudra du temps"

A Rostrenen dans les Côtes-d’Armor, Celticoat produit de 25 à 30 000 tonnes de granulés, à partir des connexes de sa scierie Aprobois de Carhaix. Ici aussi, on temporise.

"Sur la Bretagne, explique Karine Mahé, la Pdg, "on se regarde un peu tous. Produire plus, pourquoi pas, mais la question, c'est de savoir s'il y a de la matière première de qualité à proximité ? Et si oui, est-ce qu’on peut la mobiliser ? On étudie toute possibilité mais pour l’instant, on n’a pas pris de décision. Et si ça se fait un jour, il faudra de toute façon au moins 2 ou 3 ans pour s’agrandir."

Deshyouest : "C'est en projet, mais pas à Domagné"

Deshyouest est issue de la fusion de la Coopedom en Ille-et-Vilaine et de la Codema à Changé en Mayenne. A  Domagné, l’unité de production est adossée à la coopérative agricole. Son granulé est notamment commercialisé sous la marque Fée du Feu

"Ici, on fait 27 000 tonnes de pellets, mais on est au maximum, précise le président de Fée du Feu Côme Alexandre. Sur notre site en Mayenne, en revanche, il n'y pas encore d’unité de production. Si on s’agrandit, ce sera là-bas. Le projet n’est pas encore acté, mais pourrait voir le jour d’ici 5 ans".

"En Bretagne, la ressource existe mais attention"

Alors y-a-t-il suffisamment de matière première en Bretagne pour augmenter encore la production de granulés à l'échelle locale ?

"Oui, répond Gildas Prévost, chargé de mission chez Fibois-Bretagne, l'interprofession qui fédère les professionnels de la filière dans la région. Une partie de la forêt bretonne recèle du potentiel pour le granulé. Notamment celle qui a vu le jour sur des terres agricoles désormais en friche, et qu'on appelle dans notre jargon "peuplements pauvres". Pauvres au sens où l'on ne peut pas les valoriser pour du bois d'oeuvre". En revanche la production de pellets peut devenir un débouché.

"Cette part de "peuplement pauvres" représente aujourd'hui 1/3 de la superficie, et est amené à croître, indique Gildas Prévost. La production de pellets peut devenir ici un débouché. Mais à condition d'exploiter intelligemment. Parce que ces bois abritent aussi une biodiversité qu'il faut respecter et ménager."  

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