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Le granulé de bois 100% résineux, une mode qui commence à s’estomper en France.

Published : 18/09/2025 - Categories : Blog

Pourquoi la mode du 100% résineux ?

Il n’a échappé à personne, depuis presque 20 ans en France, de nombreux producteurs et vendeurs de granulés, font l’éloge des granulés 100% résineux. Pourtant, cette mise en avant qui n’a rien de technique et prend racine dans l’histoire même de cette filière qui est née en France après le second choc pétrolier de 1973-74. Les premiers granulés de chauffage produits dans le pays furent ainsi des granulés de paille, réalisés dans des installations industrielles que possédaient certaines coopératives agricoles pour produire des aliments pour le bétail. Rapidement, le bois, plus facile à utiliser et plus disponible sur le territoire, a remplacé la paille. Or la France est couverte à 70% de bois feuillus et certaines régions n’ont même que très peu de résineux. En toute logique, les premiers granulés de bois ont été produits, selon les régions, à partir de bois feuillus comme le chêne ou le châtaignier, ou avec des essences résineuses comme les pins, épicéas ou sapins, et dans presque tous les cas directement à partir de sciures de scieries et/ou de copeaux de rabotage.

Bien des années plus tard, à partir de 2003, deux phénomènes ont orienté la production de pellets vers les ressources résineuses. La première est l’évolution des scieries françaises, à l’origine petites et multi-essences, vers des plus grandes unités spécialisées sur quelques essences proches, à la recherche d’optimisation, de normalisation et de compétitivité. En 40 ans, ce phénomène et la concurrence internationale ont décimé les petites scieries au profit de grands établissements et les bois résineux, poussant bien droit et plus rapidement, ont remporté leur adhésion, ce qui fait qu’aujourd’hui, les plus grandes scieries de France continentale sont résineuses. Or pour produire du granulé en grandes quantités, il a été aisé de le faire au plus près de la ressource, donc tout près ou dans les scieries résineuses.

Le deuxième phénomène qui a plébiscité les granulés résineux, c’est la pression des fournisseurs d’équipements, poêles et chaudières, qui ont fait leurs premières armes dans les années 1990 dans des pays très largement pourvus de résineux, comme l’Autriche, l’Allemagne ou le Nord de l’Italie. Et comme ces constructeurs ont mis au point et réglé leurs appareils avec des pellets résineux, par facilité, lorsqu’ils les ont exportés, ils ont exigé qu’ils soient utilisés avec du résineux. Et comme presque tous les appareils de chauffage à pellets viennent de ces quelques pays, il est devenu presque normal de ne consommer que des granulés résineux, ce qui a quasiment fait disparaitre les productions feuillues dans les années 2000.

Pourtant, il n’y a aucune justification technique à privilégier le résineux. Alors certes, si on les regarde à loupe, les granulés résineux ont un peu moins de minéraux que leurs homologues feuillus, et un chouia de pouvoir calorifique en plus, mais rien de réellement significatif. Pour preuve, dans certaines régions du Monde où il n’y a pas de résineux, les appareils à granulés fonctionnent aussi bien qu’ailleurs : c’est le cas par exemple de la côte Est de l’Amérique du Nord ou sur le pourtour de la Méditerranée.

Une inflexion progressive depuis le début des années 2010

Ce qui change aujourd’hui est que nous arrivons en France au bout de la ressource résineuse disponible à la granulation car celle-ci est presque totalement utilisée à d’autres applications dans le bâtiment, le papier, les palettes et les panneaux OSB. Cette limite a commencé à se fait sentir en France il y a une quinzaine d’année. Au début, les producteurs de granulés de bois résineux, ne disposant ou ne trouvant plus assez de sciures et de copeaux, ont commencé à broyer les chutes de sciages. Aujourd’hui, bon nombre de grands producteurs utilisent des petits bois ronds de faible qualité après les avoir naturellement écorcés pour en ôter le maximum de minéraux. Et certains intègrent petit à petit des pourcentages de feuillus de moins en moins marginaux.

Alors, si la production française de pellets veut continuer à croitre, comme elle le fait sans discontinuer depuis plus de 20 ans, il faut qu’elle s’approvisionne sur la ressource encore largement disponible et bon marché : le feuillu, et même le feuillu en bois rond tant les volumes de produits connexes feuillus en France sont rares et dispersés sur le territoire. C’est le choix qu’ont déjà fait plusieurs producteurs comme Biosyl, dès 2013 avec une utilisation massive de rondins de feuillu pour la production d’un granulé mixte. C’est aussi ce que font des granulateurs non scieurs et tributaires des ressources disponibles chez autrui.

Signalons par ailleurs, pour ceux qui plaident pour des granulés produits localement, et ils sont nombreux, que le granulé de feuillu s’impose partout où les résineux ne poussent pas ou très peu, comme c’est le cas dans la nouvelle usine mise en service cet automne en centre Picardie, et approvisionnée à 100% en bois des Hauts-de-France !

Quelles conséquences pour les utilisateurs de chaudières ?

La combustion des granulés de bois dans des chaudières à pellets ne présente aucune exigence en matière d’essences car ces équipements sont capables de réguler automatiquement les apports en granulés en fonction de la température obtenue, presque quelle que soit la qualité relative de la matière, en bois résineux, mixte ou même 100% feuillue.

Quelles conséquences pour les utilisateurs de poêles ?

La principale différence possible entre des granulés feuillus et résineux est certainement leur taux de minéraux qui peut être légèrement plus élevé, ce qui peut avoir une influence sur la fréquence de nettoyage. Les autres différences se rencontrent aussi bien entre granulés résineux comme le pouvoir calorifique qui dépend principalement de l’humidité effective, la distribution de longueur des granulés, leur diamètre effectif selon le degré d’usure de la filière, et la densité unitaire, des paramètres qui constituent un ensemble d’éléments qui modifient les apports massiques des foyers, ce qui doit alors être corrigé. Alors, si certains poêles haut de gamme équipés d’une sonde lambda sauront comme les chaudières gérer ces variations, la grande majorité demandera une attention particulière de la part des utilisateurs.

La première attention doit concerner le taux de cendre, pour ne pas pénaliser les conditions d’utilisation. Les granulés feuillus, doivent tout comme les résineux, obéir aux critères des certifications en vigueur, ce que les producteurs de granulés savent très bien faire en portant tout simplement une attention particulière à la propreté et à la fraicheur de leur matière première, et en vérifiant très régulièrement le résultat de leur travail.

L’autre question concerne les autres variations que nous avons évoquées précédemment et qui imposent un réglage de l’alimentation de l’appareil, en l’occurrence la fréquence et la durée de fonctionnement de la vis d’alimentation. Rien de sorcier en fait : juste le fait qu’il faille adapter le réglage lorsque l’on change de qualité de granulé, d’un résineux à un feuillu, mais ce qui est aussi vrai d’un résineux à un autres résineux, ce qui est moins médiatisé mais tout à fait réel !

Ce type de réglage n’est pas seulement utile pour le bon fonctionnement de son appareil, pour son faible encrassement, pour la limitation des émissions de particules fines, il est aussi garant d’une plus faible consommation, comme l’a montré en 2023 une étude du Laboratoire Lermab à Epinal : le bon réglage d’un poêle à granulés permet de gagner de 2 à 20% du rendement, donc de 2 à 20% de consommation, tout en réduisant de 20 à 50% les émissions polluantes.

En conclusion, il ne faut pas avoir peur des granulés mixtes feuillus-résineux, ni même des granulés 100% feuillus, l’important étant juste pour les poêles de demander à son installateur de régler son appareil à chaque fois qu’on change de type de granulés ou d’utiliser à l’avenir des applications de réglage comme N2Air.

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